Facilitateur VS Animateur

Facilitateur VS Animateur

Facilitateur VS Animateur 1200 648 Pierre-Yves Hostin

« Facilitateur » voilà un nouveau terme qui a éclos dans les entreprises depuis quelques années, ringardisant les anciens ‘animateurs’ de réunion.

De quoi s’agit il ? Est-ce aussi moderne ? Ou n’est ce qu’un effet de mode ?

Ce terme de facilitateur est apparu avec la vague de l’intelligence collective, et du design thinking. Dans les milieux de l’innovation, et de la sociocratie, on parle de facilitation plutôt que d’animation. Pourquoi?

 

Qu’est-ce que la facilitation ?

C’est une nouvelle posture, et de nouvelles compétences, au service d’une nouvelle philosophie d’animation de réunion. A mon sens cela méritait bien un nouveau nom.

Cette nouvelle philosophie repose sur la croyance que l’on est plus intelligent à plusieurs qu’isolé. Ce qui se discute bien entendu. Certains trouvent que le comportement des groupes est parfois stupide, et que certains individus se laissent aller à des comportements en groupe, qu’ils ne s’autoriseraient pas individuellement. Comme par exemple un groupe de supporters ou un groupe de touristes en goguette.

C’est aussi parce que l’on peut être très bête à plusieurs que l’on a besoin d’un facilitateur. Pour faire émerger la fameuse intelligence collective, qui n’est rarement spontanée.

 

Et en entreprise ?

En ce qui concerne l’entreprise, qui est mon terrain de jeu préféré, il est une lapalissade de dire que les personnes ont besoin de coopérer, de partager et de prendre des décisions ensemble.  Quand les réunions sont mal préparées,  mal animées, elles produisent assez souvent de la bêtise collective.

Je constate aussi que quand les personnes s’écoutent, que chacun a un espace pour s’exprimer, que les personnes sont stimulées, que les émotions ont leur place, les personnes, produisent assez souvent de l’intelligence et de l’enthousiasme collectif.

Nous avons tous connu ces réunions ou l’animateur entame un tour de table pour nous demander nos idées et que dès qu’il entend un avis qui ne lui convient pas, nous critique ou coupe court à l’échange. Nous avons tous subi un jour ce type de fausse ‘participation’ insupportable.

Et les tours de table où ne s’expriment que les plus extravertis, les grands gueules, les fayots, et autres “monsieur je sais tout”…

Cela provient en grande partie que l’animateur de la réunion est obsédé par son objectif. Il veut “vendre” quelque chose au groupe. Il est aussi, en entreprise, assez peu formé aux techniques de communication, de créativité et de gestion de groupe.

 

Le facilitateur est au service du groupe et de sa production. Il partage avec lui l’intention du travail de groupe, mais il n’a pas de “message à faire passer”. Il est attentif à ce qui se produit entre les individus. A ce que chacun prenne sa place, et puisse s’exprimer, et être écouté. Il s’interdit même à influencer le groupe. C’est une posture très différente des pratiques actuelles. Cette posture n’est d’ailleurs pas si naturelle. Elle exige de se former, d’être supervisé, de se remettre en question. De sortir de ses conditionnements et de ses vieux réflexes.

 

En conclusion

Je constate que dans les organisations où certains collaborateurs se forment à la facilitation de réunion, les collaborateurs sont plus engagés, moins passifs, plus créatifs. Qu’il y a moins de conflits, ou qu’ils savent mieux les surmonter.

Les personnes apprennent à se confronter sans s’affronter.

Faciliter ce n’est pas toujours facile. Cela exige beaucoup de présence, un grand sens de l’observation et de l’écoute. De l’humilité, de la patience et la maîtrise de nouveaux processus de travail en collectif.

 

Les facilitateurs nous disent comment c’est gratifiant de faire émerger de nouvelles solutions, d’obtenir le consentement de chacun, de constater que le groupe est apaisé et souvent satisfait du travail accompli.