Le défi de la complexité face à la crise

Le défi de la complexité face à la crise

Le défi de la complexité face à la crise 2400 1459 Philippe Baran

La crise actuelle illustre parfaitement différentes façons de concevoir le changement, car elle nous confronte sans ménagement sur notre relation à l’inconnu. Pour quoi cet inconnu nous déstabilise à ce point ?

–         Nous sommes confrontés à la nouveauté, au manque de repère et à la non maîtrise

–         Il y a un danger objectif ou imaginé

–         Personne ne peut prévoir de façon certaines ce qui va se passer

–         Il n’y a pas de solution toute faîte qui marcherait à 100% à priori

 

Compliqué ou complexe ?

Cette situation illustre bien les différences entre le compliqué et le complexe, et surtout la confusion entre les deux notions pour sortir de la crise par le haut.

Ce qui est compliqué, c’est ce qui est reproductible car on connaît le mode opératoire, on peut réparer, améliorer avec un objectif de résultat assez précis et atteignable. Le compliqué est prévisible car nous avons des savoir, des processus pour en venir à bout. Fabriquer un avion, c’est loin d’être simple, c’est compliqué.

Ce qui est complexe est beaucoup moins prévisible, le résultat est incertain car les interactions humaines sont multiples. Il faut inventer à chaque fois des solutions nouvelles, sans savoir à priori si cela va marcher. Le mot complexe vient du latin « complexus » qui signifie tisser ensemble. Le complexe est un enchevêtrement de liens, de savoir, de processus mais surtout d’émotions qui sont prédominantes. La complexité s’accorde mal avec la planification, la maîtrise, l’anticipation, car il y a trop d’incertitude sur le résultat. Créer une start up, développer une région, élever ses enfants, créer un nouveau vaccin font partie du domaine du complexe.

Par sa nature, cette crise nous plonge de plein fouet dans la complexité croissante de notre monde. Le seul moyen de s’en sortir est de développer des stratégies et des comportements qui permettent de gérer la complexité.

Les modes d’organisation pyramidale, le management directif, les process traditionnels de gestion de projet, la planification sont efficaces pour gérer des problèmes compliqués, mais ils deviennent inopérants et obsolètes face à la complexité, lorsqu’il faut voir le monde autrement pour inventer des solutions nouvelles face à des situations nouvelles.

L’ancien monde était compliqué, le nouveau devient complexe alors ne nous trompons pas de stratégie. Dire sans cesse « il fallait prévoir…il y a un manque d’anticipation…il aura fallu » traduisent des modes de pensées adaptés aux situations compliquées mais pas à la complexité. Avoir en tête de reprendre comme avant sans tirer les enseignements de ce qui nous arrive, c’est nier la complexité de cette crise. 

La clé de l’intelligence collective

La clé majeure pour gérer la complexité passe par le développement de l’intelligence collective, car aucun expert, aussi doué soit-il, ne peut à lui seul résoudre les défis auxquels nous devons faire face. L’intelligence collective prend tout son sens quand il faut se réinventer complètement et sortir des chemins déjà tracés.

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Au-delà des process, l’intelligence collective est d’abord une posture différente pour aborder l’inconnu, l’incertitude, la complexité :

–         Avoir l’humilité de ne pas tout savoir

–         Accepter sa vulnérabilité et faire confiance aux autres à priori

–         Oser prendre des risques tout en ayant peur

–         Se rassembler autour d’une vision inspirante

–         Avancer par petit pas et apprendre en marchant

Notre enjeu collectif est de nous réinventer, alors ne laissons pas nos espoirs et notre énergie se diluer dans les jugements, la peur, la frustration ou la colère, si légitime soit-elle. Pour sortir de cette crise, il faudra placer la confiance devant la défiance, l’empathie devant l’ego, l’humilité devant les certitudes, l’ouverture d’esprit devant le rejet, le lâcher prise devant le contrôle.

Nous sommes aujourd’hui confrontés à plus de questions que de certitudes, alors n’attendons pas des solutions toutes faîtes, des consignes claires, des chemins bien tracés. Nous avons besoin de sens, de vision, de confiance mutuel, d’audace pour être tous co-créateur d’un futur qui nous appartient, que ce soit au niveau des équipes, des entreprises, des régions et du pays tout entier.

Notre responsabilité dans ce défi est d’abord individuelle pour accepter cette part d’incertitude et de vulnérabilité, puis collective pour tracer ensemble un chemin qui reste à inventer.