Repartir après la crise

Repartir après la crise

Repartir après la crise 2560 1707 Philippe Baran

Repartir après la crise

« Tu verras, tout repartira comme avant ! » ; « Mais non, on vient déjà de franchir le point de bascule. » ; « De toute façon, je ne veux plus travailler comme avant. »

Les discussions s’enflamment autour de moi pour savoir à quoi va ressembler le monde de demain, comme si ce futur ne nous appartenait pas et qu’il fallait continuer à supporter le chaos d’un monde devenu complètement fou.

Nous sommes plus que jamais confrontés à l’angoisse de l’inconnu, aux soubresauts d’un monde incertain et imprévisible où les anciennes façons de faire volent en éclat devant la complexité de cette situation nouvelle.

Cette période chaotique est aussi une formidable opportunité pour mesurer, expérimenter et développer les capacités d’adaptation et de résilience des organisations. Chacun doit maintenant faire sa propre trace sans aucune garantie de résultat, avec au moins 3 attitudes possibles. 

Reprendre le contrôle

Il y aura d’abord les managers et dirigeants qui auront trop peur de perdre leur pouvoir et paniquent devant le sentiment d’impuissance et de perte de contrôle. Ceux-là vont certainement durcir le ton, glorifier de nouveaux indicateurs, remettre du process pour donner l’illusion de garder la maîtrise de la situation. Ils risquent aussi de rejeter toutes les nouvelles idées qui pourraient déstabiliser l’ordre établi.

 

Repartir comme avant

Il y a aussi ceux qui croient que tout peut repartir comme avant avec les mêmes méthodes, la même organisation, les mêmes façons de travailler, les mêmes KPI. Ce sont ceux qui vivent dans le déni et refusent de voir la nouvelle réalité qui leur fait trop peur. Cela me fait penser à cette passionnante mini-série « Chernobyl » qui stigmate les directeurs de la centrale s’évertuant à dire que la situation était sous contrôle dans les premières heures de la tragédie alors que le réacteur venait d’exploser.

 

Être acteur du futur émergeant

Et puis il y a tous les autres qui constatent que le monde a déjà changé et sera forcément différent. Alors entre le déni et la lutte de pouvoir, ils ont choisi une autre voie, celle de la résilience, d’un nouveau départ et d’un futur émergeant dont ils veulent être acteurs.

Ce sont pour eux que je partage cette réflexion pour réussir ce challenge de taille après 2 mois de confinement, car la reprise ne va pas aller de soi. Le danger serait de brûler certaines étapes, de faire des maladresses au risque de constater que le ressort est cassé, les liens abimés, l’engagement des collaborateurs mis à mal et freinant les plans de relance.

Il y a 3 étapes clés à respecter pour remobiliser durablement les équipes :

1 – Recréer le lien

Le retour au bureau n’est pas forcément simple, car les mesures sanitaires empêchent de tous se retrouver physiquement pour remobiliser les énergies. Il faut recréer le lien entre les collaborateurs qui se sont arrêtés et ceux qui ont travaillé d’arrache pieds, ceux qui ont vécu le confinement comme une agréable parenthèse et ceux qui en ont souffert, réparer les sentiments d’injustice des uns, reconnaître les prouesses des autres.

Malgré la distanciation physique, les outils digitaux permettent de stimuler l’intelligence collective et de retrouver une qualité de lien authentique. Mais quel que soit l’outil, cela doit passer par l’expression de chacun sur ses ressentis, son vécu, les émotions présentes. Cela nécessitera chez les managers de grandes qualités de présence, d’écoute et d’empathie.

 

2 – Capitaliser

C’est une étape essentielle, mais qui ne peut venir qu’après la précédente. C’est alors le bon moment pour tirer les enseignements de cette période inédite, pour partager les expériences réussies, les fiertés, les échecs, les frustrations. C’est une étape clé dans le processus de résilience pour positiver la situation, changer son regard, ses croyances et oser faire autrement.

 

3 – Se projeter

Il s’agit maintenant de remobiliser les équipes autour du sens et de l’essentiel, d’envisager l’incertitude en se raccrochant à ce qui reste stable, de se demander ce que chaque équipe et organisation va changer sur la vision, sa raison d’être, ses relations avec les fournisseurs, les clients, comment va évoluer l’organisation du travail. C’est ici l’étape du choix et des décisions à prendre pour faire face à un avenir incertain et imprévisible, d’expérimenter en s’autorisant le droit à l’erreur, de faire confiance à priori.

 

Les risques

Le danger dans ce processus en 3 étapes, c’est d’abord de ne rien faire, laissant chacun en souffrance avec ses ressentis, frustrations, besoins non exprimés, d’oublier les leçons du passé pour refaire les mêmes erreurs. Le risque est fort de voir chuter la motivation et l’engagement des collaborateurs, et d’affaiblir l’organisation face à la prochaine crise.

L’autre risque est d’oublier certaines étapes, de vouloir agir et décider trop vite par ex, de vouloir tout changer sans prendre le temps de faire émerger et d’impliquer tous les acteurs. La précipitation et la non-implication peut engendrer des peurs et des résistances qui vont fragiliser les relations.

 

Une chance pour l’avenir

Ces 3 étapes et la volonté de co-construire ensemble est une formidable opportunité pour diffuser de l’intelligence collective à tous les étages, de construire une culture de confiance, d’embarquer les collaborateurs sur un projet passionnant, celui de construire son propre avenir au lieu de subir et de se résigner.

Et vous, où en êtes-vous avec vos équipes ? comment avez-vous intégré ces 3 étapes de la résilience pour consolider votre organisation ?

 

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